Brand New Your Retro? Yugo-nostalgia and/as Yugo-futurism in alternative and popular music
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Résumé
À travers ses différentes formes, la musique yougoslave (populaire et alternative) constitue l’un des matériaux essentiels de la mémoire collective post-yougoslave, tant au niveau transnational que transgénérationnel. De même, de nombreuses approches ainsi que différents discours théoriques et médiatiques portant sur plusieurs décennies d’une production musicale et pop-culturelle connue sous le nom de Yu-Rock ont été perçus comme des pratiques de consommation nostalgique de la Yougoslavie. Pour autant, cet article s’oppose à une telle lecture de la (Yugo)nostalgie et de la scène musicale populaire et alternative yougoslave de la fin de la période socialiste. La notion de rétromania reste bien sûr essentielle et peut tout à fait s’appliquer à la renaissance et à la domination de la New Wave yougoslave (née dans les années 1980) dans le paysage médiatique et mémoriel de ces dernières décennies, à contre-courant de toutes les injonctions nationales imposées d’en haut. Toutefois, l’héritage et la réception du Yu-Rock exploitent également des éléments liés à l’affect, à la mémoire, et même au patrimoine yougoslave, produisant des phénomènes comme la rétrotopie, la néostalgie ou encore le yougo-futurisme. Ces néologismes ont tous été inventés par les acteurs de la scène musicale actuelle ou leur sont directement associés. L’article met en lumière plusieurs interprétations de la nostalgie yougoslave et de l’articulation utopique et futuriste entre le passé socialiste et le présent post-socialiste du pays. L’article s’intéresse aussi à l’(auto-)référentialité explicite de la musique rock/New Wave incarnée par l’un de ses acteurs clés, Disciplina Kicme, (Disciplin a Kitschme) et ses projets similaires en-dehors de la Yougoslavie. Le groupe est l’un des principaux représentants de la scène supranationale d’origine yougoslave. Ainsi, en examinant le travail post-yougoslave de ce groupe qui combine, structurellement et thématiquement, les éléments de la nostalgie dans leur performance, paroles, symboles et esthétique, l’article plaide pour un usage de la nostalgie plus émancipateur qu’une simple idéalisation rétrospective et dépolitisée. Il s’agit alors de considérer la nostalgie comme une réflexion critique et un instrument opératoire permettant de repenser les futurs à l’heure de l’annulation de l’avenir.
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