Summertime: Time, Narrative and Queer Futures in Aciman’s "Call Me by Your Name"
Contenu principal de l'article
Résumé
Call Me by Your Name, premier roman, acclamé par la critique, d’André Aciman, dépeint rétrospectivement l’histoire d’amour d’Elio et Oliver dans l’Italie paradisiaque des années 1980. Le choix de situer ce récit éminemment nostalgique pendant les vacances estivales semble exploiter le chronotope de l’été comme période propice à l’expérimentation romantique. Ce qui distingue le texte d’Aciman, cependant, c’est sa profonde préoccupation pour la phénoménologie du temps. En s’appuyant sur les observations de Paul Ricœur dans Temps et Récit, il est possible de comprendre comment Aciman utilise une « mise-en-intrigue » dans laquelle le présent est ponctué de références au passé et à l’avenir, afin de déstabiliser les frontières obstinées du temps. Il en résulte que le récit fait par Elio d’un passé lointain devient un présent pertinent, jamais complètement dépassé. Cette intrication du passé et du présent peut être interprétée à l’aune du travail d’Elizabeth Grosz sur la reconsidération de la chronologie par Bergson, pour qui passé et présent « fonctionnent en simultané ». Grosz soutient que le sens de la durée chez Bergson a des conséquences sur les possibilités virtuelles qui ne sont pas entièrement prévues par le passé. Comme on peut le voir dans Call Me by Your Name, cette représentation du temps qui montre un passé retravaillé dans/par le présent permet le surgissement intempestif de nouveaux potentiels, situés « plus tard », au-delà des marges du récit. Ainsi, le texte d’Aciman n’est pas simplement une œuvre nostalgique recréant une époque innocente, il s’agit aussi d’une reformulation du passé qui permet de créer un avenir virtuel où les plaisirs homosexuels de l’été ne sont pas limités par le temps.
Details de l'article
Ce travail est disponible sous licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.